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Les anciens animaux saillissaient, même en course,
Avec des glands bardés de sang et d'excrément.
Nos pères étalaient leur membre fièrement
Par le pli de la gaine et le grain de la bourse.
Au moyen âge pour la femelle, ange ou pource,
Il fallait un gaillard de solide grément;
Même un Kléber, d'après la culotte qui ment
Peut-être un peu, n'a pas de manquer ressource.
D'ailleurs l'homme au plus fier mammifère est égal;
L'énormité de leur membre à tort nous étonne;
Mais une heure stérile a sonné: le cheval
Et le beuf ont bridé leurs ardeurs, et personne
N'osera plus dresser son orgueil génital
Dans les bosquets où grouille une enfance bouffonne.
*
Gli antichi animali montavano, anche in corsa,
con glandi bardati di sangue e d'escrementi.
I padri ostentavano il membro prepotenti
da pieghe di guaina e la grana della borsa.
La femmina medievale, angelo o maiale,
voleva un garzone con l'arnese gagliardo;
anche un Klebèr, dal pantalone un po' bugiardo,
forse non mancò di risorse. Al piú marziale
dei mammiferi d'altronde l'uomo è uguale;
il loro membro enorme a torto c'impressiona;
ma un'ora sterile è suonata: piú non vale
l'ardore al bue e al cavallo, e non c'è persona
che oserà piú alzare il suo orgoglio genitale
nei boschi ove un'infanzia brúlica buffona.
***
Nos fesses ne sont pas les leurs. Souvent j'ai vu
Des gens déboutonnés derrière quelque haie,
Et, dans ces bains sans gêne où l'enfance s'égaie,
J'observais le plan et l'effet de notre cul.
Plus ferme, blême en bien des cas, il est pourvu ti
De méplats évidents que tapisse la claie
Des poils; pour elles, c'est seulement dans la raie
Charmante que fleurit le long satin touffu.
Une ingéniosité touchante et merveilleuse
Comme l'on ne voit qu'aux anges des saints tableaux
Imite la joue où le sourire se creuse.
Oh! de même être nus, chercher joie et repos,
Le front tourné vers sa portion glorieuse,
Et libres tous les deux murmurer des sanglots?
*
Le nostre chiappe non son le loro. Ho guardato
spesso la gente sbottonata dietro un'aia,
e, nei bagni spigliati ove l'infanzia è gaia,
del nostro culo, effetto e disegno ho scrutato.
Piú sodo, pallido sovente, si spartisce is nali
in chiari piani tappezzati dalla grata
dei peli; ma in esse soltanto alla garbata
riga il lungo e folto raso vi fiorisce.
Una toccante estrosità meravigliosa
non vista che negli angeli dei quadri santi
imita il sorriso della guancia cresposa.
Oh! anche noi nudi, in cerca di quiete e d'incanti,
volta la fronte alla sua porzione gloriosa,
liberi e insieme mormorare singhiozzanti?
***
Obscur et froncé comme un ceillet violet,
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d'amour qui suit la rampe douce
Des fesses blanches jusqu'au bord de son ourlet.
Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré sous l'autan cruel qui les repousse
À travers de petits caillots de marne rousse,
Pour s'aller perdre où la pente les appelait.
Mon rêve s'aboucha souvent à sa ventouse;
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.
C'est l'olive pâmée et la flûte câline,
Le tube d'où descend la céleste praline,
Chanaan féminin dans les moiteurs enclos.
*
Come un garofano viola, oscuro e increspato,
respira, rannicchiato fra il muschio, umilmente,
già umido d'amore che segue dolcemente
il clivo dell'albe chiappe fino al suo orlato.
Come delle lacrime di latte un filame
ha pianto al vento crudele che l'ha cacciato
attraverso rossi grumetti di letame
perché si perda ove il pendio l'ha chiamato.
Sovente il mio sogno abboccò la sua ventosa;
l'anima, del coito materiale gelosa,
ne fece fulva gronda e nido singhiozzante.
È l'oliva in estasi e il flauto accarezzante,
il tubo ove scende il celeste mandorlato,
femmineo Canaan nei madori recintato.
[ da Opere, Les stupra (Gli stupri), Arthur Rimbaud, a cura di Gian Piero Bona, Einaudi ]